Archimou
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Archimou - n°=umero 1 - le sommaire

4/24/2014

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Thème : "Limace & Coulis"
Support : BALLONS & BAUDRUCHES. 
Date de sortie : 24 avril 2014.
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1. Lost Slugs (Spin-Off) — Lucien Suel
2. La fin des silhouettes — gnoir
3. La migration des limaces — Bérengère Cournut
4. Lâcher de poème sans sucre (projet) — Claude Meunier
5. Limaces entravées — Chicken Korma
6. Un chou qu'on aurait oublié dans le seau — Juliette Porée
7. Coulis de couscous-coulommiers — ralouf piston
8. Cerveau d'une limace (coupe latérale) — gnoir & Cœur d'Aramburu
9. esto no es una aburrida, imbécil y larga lista de cosas blandas — Mar
ía Mercromina
10. Pour un bestiaire couliforme — gnoir
11. Love vol — Léo Pajon
12. Mise au jour d'une loche à pavillon — le grand baObab
13. Mémoire dure limace — gnoir
14. Pour une étiologie du pop-up : à base de up up up up — Grand-Archimol
15. Morceau caché
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Lost Slugs (Lost spin-off)

4/24/2014

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[Limaces disparues (série dérivée des Disparus) — un projet de Lucien Suel pour Archimou]
Photo
First pic of the spin-off — photo-pilote de la série

The Slug Family was leaving Earth using a balloon. It blew up and crashed in a concrete desert...
°°°°
Le ballon à bord duquel la famille Limace avait pris place dans le but de quitter la Terre vient d'exploser en vol et s'est écrasé dans un désert de béton...

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La fin des silhouettes

4/24/2014

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[Que devient un calligramme en forme de limace lorsqu'on le couche sur un ballon ?
La question obsédait tellement @gnoir qu'il a procédé pour Archimou à l'expérience,
le 23 avril 2014, dans le quartier de Malasaña, à Madrid.
La réponse pourrait bien être un colimaçon.]


Elle                       hèle
 elle               traîne
  elle       mêle
sa
robe
de limon
d'où sort
une mariée
sans os
à une
ligne au
dos
mou

multiples
perles
de bave
cinétique
que l'on
cueille
pour soigner
son phlegmon

oui-non
non-moui
moyennant
elle oscille
clairsemée mais
l'idiotie est seule
​au travail
on croirait
qu'elle meurt
à l'autel mousseux
or zut
elle est là
bien fidèle
aux herbes
véhiculant
limant
les siècles
masse ralentie
l'hyphen comme us
elle hèle
et fait
jet
de coulis
et lie


[Bonus: une vidéo de l'opération — de la difficulté d'écrire silencieusement sur un globo]
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La migration des limaces

4/24/2014

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[par Bérengère Cournut]
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Dans les rues étroites d’une ville refroidie, de drôles de bestioles molles avancent en file indienne. La ville est morte si rapidement que ses artères sont devenues de minces veinules, où seuls les mous peuvent encore se faire un chemin. Précédé d’un bruit de succion, leur cortège se dirige vers la sortie.
Que s’est-il passé ici, pour provoquer un tel exil ? Quelques-unes des bestioles paraissent encore nerveuses. La ligne allongée de leur troupeau est agitée de soubresauts, comme si une onde d’inquiétude se propageait de l’une à l’autre. C’est bientôt fini.
À la sortie de la ville, la route est plus large, les bestioles peuvent avancer de front, par deux, par trois. Un berger semble maintenant les conduire. La route monte, monte, et laisse bientôt voir le désastre : la plaine étouffée de coulis, et qui n’est plus viable. Le berger empêche les bestioles de se retourner et désigne la plage, en contrebas.
Sur le sable est étalé un ballon – mou. Les bestioles sont découragées. Le berger ordonne de s’agglomérer ; la nuit tombe, au matin le ballon est gonflé. Camouflées dans des algues, les limaces s’envolent vers l’Amérique.

Dans les rues étroites d’une ville refroidie, de drôles de bestioles molles avancent en file indienne. La ville est morte si rapidement que ses artères sont devenues de minces veinules, où seuls les mous peuvent encore se faire un chemin. Précédé d’un bruit de succion, leur cortège se dirige vers la sortie.
Que s’est-il passé ici, pour provoquer un tel exil ? Quelques-unes des bestioles paraissent encore nerveuses. La ligne allongée de leur troupeau est agitée de soubresauts, comme si une onde d’inquiétude se propageait de l’une à l’autre. C’est bientôt fini.
À la sortie de la ville, la route est plus large, les bestioles peuvent avancer de front, par deux, par trois. Un berger semble maintenant les conduire. La route monte, monte, et laisse bientôt voir le désastre : la plaine étouffée de coulis, et qui n’est plus viable. Le berger empêche les bestioles de se retourner et désigne la plage, en contrebas.
Sur le sable est étalé un ballon – mou. Les bestioles sont découragées. Le berger ordonne de s’agglomérer ; la nuit tombe, au matin le ballon est gonflé. Camouflées dans des algues, les limaces s’envolent vers l’Amérique.

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Lâcher de poème sans sucre (projet)

4/24/2014

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[Le poète et romancier Claude Meunier prépare, en exclusivité pour Archimou, le vol au-dessus d'une rivière d'un poème con/fondant (après dissolution de sucre). Les résultats de l'expérience (poème+photos) seront relayés ici. En voici d'abord le procédé]
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- Un ballon gonflé (gaz rare), à quoi est suspendu :
- morceaux de sucre en morceaux (morceau dit 'long' = 7,9 g. x 25 = 197,5 g.) et
- un poème.

On plonge manuellement l'ensemble dans la rivière Véore du bout du jardin
(Chabeuil, 26120, Drôme, France) et
le ballon, lesté de son poème et de ses sucres (seuls immergés) navigote pendant
quelques dizaines de mètres au gré du courant. A l'air pour le ballon et le poème, à l'eau
pour le lest et bientôt
le sucre fond (c'était à prévoir...)
délestant ballon zé poème qui
s'envolent (et hop).

Le poème sera composé de l'exposé de la méthode, vers libres qui feront donc l'éloge
de la légèreté. Son titre provisoire est "Poème con/fondant".
Claude Meunier, fin avril 2014
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Limaces entravées

4/24/2014

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[par Chicken Korma]
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Un chou qu'on aurait oublié dans le seau.

4/24/2014

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[par Juliette Porée]


Un chou qu'on aurait oublié dans le seau.

Les insectes traversent son corps. Quelle civilisation !

Un jour une piéride me héla depuis la rive, au plus profond du chou. Son petit chapeau de chou à moitié digéré. Elle me dit : « Monsieur ! vous n'êtes pas d'ici. »

En effet, j'y étais en voyage.


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Coulis de couscous-coulommiers

4/24/2014

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[par @raloufpiston]


des grains
...

un mouton de pierre avachi dans l'herbe.
une boule de glace à la vanille dans un soda vert fluo.
le kakumeishu, vin de la révolution, parodie du vin médicinal chinois yomeishu.
le silence avec les jambes.

Photo
renards et feux follets, au pied d'un arbre, à Ôji, la nuit.
le Sofitel-Tetris de Ueno, qui a visiblement décollé comme la fusée à la fin du jeu.
une pagode fantôme.
un vélo de Noël.
une exposition éphémère de cartons dessinés, dans les poubelles.
Photo
des coiffeurs en barque, spécialisés dans le lotus.
un squelette souriant, tenant dans sa main droite quelques fils, dans sa main gauche, une jambe d'or.
un chien calme dans le panier d'un vélo.
le train-limace orange, se dirigeant vers le mont Takao.

Photo
les daifukus velus, à raser avant de consommer.
le distributeur automatique de merda di artista.
une hybridation d'un profil de femme de la période bleue de Picasso et du mont Fuji, figurant la poitrine.

Photo
Un texte-tapis volant tissé de fil (糸) rouge.
                                                    Propulsé par un pingouin.
Photo
au verso :
retrouvé dans un carnet, un extrait d'une approche originale du japonais, que Jean-Pierre Brisset aurait sans doute appréciée :

[...]
La langue japonaise est riche en occurrences des phonèmes [li-mas]. Par exemple "orimasu" [o-li-mas], littéralement "je descends" (Ô limace !, agenouillement permettant d'accéder à la trans-descendance). "Shimarimasu" [shi-ma-li-mas], "(les portes) se ferment" ("chie ma limace", symbolique freudienne du métro). Une des formules de politesse les plus subtiles, servant à s'excuser tout en remerciant, lors d'un service rendu, aussi minime soit-il, est "osoreirimasu" [o-s-o-le-i-li-mas]) ("au soleil, limace", resplendissante limace pentocrator). L'immanence, le "il y a" se disent "arimasu" [a-li-mas] ("Ah, limace" : un certain sentiment du monde, mono no aware, le début d'un haïku : vertige fixé)...
Photo

sous le soleil, le fluide coulis de coulommiers coloré dégouline, par les yeux, la bouche et les oreilles, laissant pour l'instant le nez au sec (un jour, archimou en odorama)

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Cerveau d'une limace (coupe latérale)

4/23/2014

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[Une opération de gnoir et cœur d'Aramburu, effectuée le 22 avril 2014, à Madrid]
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Au bout de la Calle del Pez, à Madrid.
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esto no es una aburrida, imbécil y larga lista de cosas blandas*

4/23/2014

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[par María Mercromina — quelque part à Cordoue, avril 2014]
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*******

*Ceci n'est pas une ennuyeuse,
​imbécile et longue liste de choses molles


j'écris oreiller  pas poitrine pas ciel pas lieu où poser une tête remplie de neurones
nerfs connexions emmènent idées molles stupides limaces ne s'arrêteront nulle part où
tomber de manière sûre sans blesser muscle os tendon pas de tension pas de mou langues
trempées tordues dures molles à la fois comme cette fleur pourrissant dans le poumon
pas de pétales pas de branches pas de nouveau départ pourquoi veux-tu une nouvelle fois revenir
si tu peux continuer de tout presser ainsi ainsi tu dis la dureté te plaît mais tout revient au début
du difforme maintenant tout le monde veut écrire rendre molle la parole mais c'est dur de faire
saliver faire saigner laisser une traînée de bave comme le font certains animaux certaines personnes certaines limaces

 
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Pour un bestiaire couliforme

4/23/2014

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[Une intervention de @gnoir pour Archimou.
Lâcher de ballon effectué le 14 avril 2014, au parc du Retiro (ici), à Madrid]

​Dans le quartier de Lavapiés, à Madrid, il y a cette légende qui se transmet depuis des générations. « Quand un animal couliforme meurt, dit un père à sa fille, un ballon s’envole au ciel, tel un bonbon d’hélium. Il éclate et naît un autre animal. » L’histoire circule, à chaque passeur elle est légèrement modifiée, comme une formule chuchotée à l’oreille et qu’on entend mal. « Tu m’écoutes ou bien ? »

Le 12 avril 2014, quittant la fournaise de Lavapiés pour trouver un peu d’ombre dans le parc du Retiro, bosquets, silence, je croise Cœur d’Aramburu, que je n’ai pas vu depuis longtemps et qui m’explique, à brûle-pourpoint, la chose suivante : « Certains voient dans cette légende la métaphore d’une âme molle qui s’échapperait vers un hypothétique firmament, genre religieux tu vois, mais des études récentes laissent à penser que le phénomène ne serait dû qu’a un simple mécanisme physique — effet de levier. Comme chacun sait, tout corps vivant est composé de sel et d’air comprimé. » Il dit ça d’une traite, comme s’il récitait un vade-mécum.

« Tu m’écoutes ou bien ? » Il enchaîne sur des verbes fondus, comme s’il les mélangeait. Fuyons. Filons. Foulons. Flouons. Il insiste, mais sa fille est déjà en train de courir vers la zone des toboggans, car son père raconte toujours la même histoire, elle en a assez, et j’ai d’autres projets.

Je m’éloigne. D’autres dans le groupe l’écoutent distraitement. Quelques grognements, une quinte, la bière au bord du bassin et voilà que les passants s’attroupent autour des théâtres ambulants de marionnettes, puis on oublie. 

Le lendemain (13 avril 2014), la presse locale informe que sept animaux couliformes ont trouvé la mort simultanément à Madrid, dans des circonstances peu claires. Des témoins auraient vu flotter le bestiaire au-dessus du Retiro, sous la forme d’un gros ballon-poisson (tetraodontidae), une forme flottante et multicolore qui contenait à elle seule les sept dépouilles. Voici leur petite histoire, telle que me l’a racontée Coeur d’Aramburu, qui semble toujours avoir les infos avant tout le monde, mais que personne ne prend au sérieux.

*******

L’HELIOBOY. Fruit des amours interdites entre une fleur & un esclave (cagibi-boudoir où nique l’eunuque), il a une espérance de vie de sept secondes. Le temps pour un bègue de dire « couic », et c’est fini.

LA LIMAÇANTE. Cousine éloignée du morse (alphabet), la limaçante (invisible à l’œil nu) a trouvé refuge depuis longtemps dans le cou d’un coucou gris (cuculus canorus), où elle poursuit discrètement son travail de sape contre le principe de vitesse. Haine tenace des oiseaux. Refus incompréhensible de se mettre au pas.

LE PRÉPAGNOL. Sorte de molosse noir aux yeux clos. On ne l’a jamais vu plus agité que cette nuit de 1598, où il apparut dans la chambre de Felipe II, ce monarque espagnol qu’on disait fou, pour lui signifier sa mort imminente. Malgré les alchimistes qui l’entouraient, le roi aurait succombé d’effroi à la vue du monstre. Entre chien et loup,  le prépagnol aurait continué de hanter pendant plus de quatre siècles le palais de l’Escorial, à quelques kilomètres de Madrid, avant d’en être délogé récemment, à coups de savates — certains disent chevrotine.

LE MAGMADON. 
Lourde tâche que celle du magmadon, le plus étendu des couliformes (120 ha), à qui l’on a remis, bébé, les clés du monde. Le Proprio* le tient en haute estime. Outre la mission de réchauffer l’antimasse des forêts (poumons), l’animal gigantesque, dont ont dit qu’un hoquet aurait enfanté le volcan de Cotopaxi (Équateur), est également chargé, ici-bas, des questions logistiques (gestion des déchets, ossuaires, usines de dessalement du corps humain, pétaudières, etc.). On dit que ses yeux de basalte, qui paralysent les importuns, ont décimé des générations de vulcanologues.
*forme qui les contient toutes

L’EPAULIUM. 
Cet orque irradié servit autrefois d’orgue aux raboteurs de la langue (Ecole des transitionnistes) qui, enfoncés dans leurs certitudes et petite musique, enseignaient qu’un mot « ne fait qu’un avec lui même ». L’ère du Couliforme (début XXIe) remit ces cuistres à leur place. Alors l’épaulium fut rendu à la mer, retrouvant ses capacités de dissolution. Dans les milieux universitaires, c’est à cette époque que l’on admit enfin qu’un morphème, comme un animal, ou être humain, est un organisme dépliable, de l’avant vers l’arrière ça on le savait depuis longtemps (merci), mais aussi du bas vers le haut, à la manière du mouvement inimitable qu’effectue l’haltérophile lors d’un épaulé-jeté.

L’OURSIN-LYRE. 
« Ouille », dit l’enfant qui, caracolant sur les rochers de la baie de Cadix, marche bêtement sur la bête. Le venin de l’oursin-lyre aurait la capacité d’inoculer des haïkus cristallins, comme celui-ci, qu’un môme un peu cloche récita à l’âge de sept ans, juste après une piqûre : « La mer fait pouet-pouet/Et ma bouée s’y décompote/Puisse l’oursin flotter. » Orteil transpercé.

​L’ALOUETTE-FRAMBOISE. 
Autrefois crocodile, l’alouette-framboise a gardé du saurien, outre le cuir épais, un humour qualifié de noir : elle ne croque que ses semblables, laissant le destin des autres espèces à la discrétion du Proprio*. 
*forme qui les contient toutes

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Love vol

4/22/2014

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                  [une intervention de Léo Pajon]
Date de propulsion : 15 avril à 10h47
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Lieu de propulsion : une cour du XXe arrondissement de Paris
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Mise au jour d'une loche à pavillon

4/22/2014

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[Un article du grand baObab]
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Au Cap d'Agde, avril 2014. Au bout du ponton, un ballon et une enveloppe verte contenant le texte suivant.


[Voici une lettre surprenante que j'ai reçue le 22 avril 2014 et que son auteur, inconnu de moi, me supplie de publier. Le premier numéro d'Archimou me semble l'endroit idéal]

*******

LETTRE DE THOMAS BOGIER


Dole, le 18 avril 2014

Bonjour,

Je m'appelle Thomas Bogier, né le 30 mars 1965 à Sarlat. Vous pouvez vérifier. Je n'y ai vécu que deux ans. Mon père nous a ensuite emmenés, ma mère et moi, successivement à Lorient (1967-72), Bourges (mai 72 - juin 75) et Amiens (75 à 79), où ils sont morts tous les deux (lui en 2005, à 70 ans, et elle en 2007, à 76 ans).

Je suis parti en 79 en pension à Paris, où j'ai suivi une formation universitaire pour devenir ornithologue comme mon père René Bogier, spécialiste des oiseaux de la Baie de Somme, et mon grand-père Louis-Ferdinand, référence internationale en la même matière sur les côtes algériennes (mort avec sa femme en 1960 dans une embuscade dans l'arrière-pays algérois). Je vous donne tous ces détails pour que vous puissiez vérifier mon identité.

J'ai toujours travaillé en indépendant, d'abord quelques mois en Camargue puis rapidement, je me suis installé dans la Brenne pour étudier la faune ornithologique des étangs. J'y suis depuis 1991.

Par mesure de discrétion, je ne vous dirai pas où j'habite, seulement où je loge en ce moment où vous pouvez m'écrire en poste restante à Dole où je passais quelques jours de vacances avant que ne m'arrive cette malédiction qui explique ce courrier rédigé à la hâte, sur une table de café.

Je sens que les regards pèsent sur moi. Je me sens observé, même épié. Ma découverte attise les convoitises et je crains le pire pour ma vie. C'est pourquoi je vous supplie de faire paraître les quelques pages de carnet que je joins à ma lettre en espérant que le tout ne soit pas intercepté.

Croyez-moi, je ne suis pas fou. J'ai seulement besoin de votre aide.

Je croyais pouvoir tout garder pour moi mais, depuis le 12 avril, je ne cesse de perdre un peu plus pied chaque jour, pourtant je suis sûr qu'une fois la nouvelle parue au grand jour, je serai à nouveau libre de mener à bien mes recherches.


Sincèrement à vous,

Thomas Bogier


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Notes du carnet de Thomas Bogier

(page 1)

mais voilà que rien ne semble évident. Bref, j'ai repris ma clé et suis retourné dans ma chambre.

12 avril 2014, samedi. Lays s/ le Doubs.
Il est un peu plus de six heures. Mon affût est prêt. J'ai choisi les bords du Doubs, à l'écart de Lays, juste avant le pont. Le soleil va bientôt se lever. J'attends en buvant du café brûlant.

9h45. Vu grèbes huppées, bruant proyer.
10h50. Troglodyte mignon et quelques fauvettes à tête noire.
11h20. Entend l'œdicnème criard.
12 heures. Je sors de ma cachette et remballe. Je ne me sens pas très bien. Il fait trop chaud. Pas de trace de la gorge-bleue à miroir ni hirondelles des rivages. Vu un couple de cygnes, des vaches et des canards. Si un bruant jaune.
13h30. Tout est rangé, j'ai mangé mais ne me résouds pas à partir. Je vais me promener mains dans les poches et me reposer un peu.

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(page 2)
17h50. Ce que je viens de voir est impensable ! Pourquoi n'ai-je pas pris mon appareil ? Quel imbécile ! Et maintenant elle est introuvable. Je ne peux que la dessiner. Qui me croira ? Il faut que je la retrouve. Elle ne peut pas être seule.

C'est une limace, longueur de 17 cm environ, tigrée (de la même famille que la grande limace grise,
Limax Maximus ?).

Je n'ai jamais rien vu de pareil. Elle a une bouche en forme de pavillon, comme l'embouchure d'une trompette ou d'un trombone et elle coulisse grâce à ce qu'on pourrait appelé un bourrelet extenseur. C'est à dire que sa partie antérieure (sa
queue) s'introduit dans le manteau, puis l'avant du corps glisse sur le sol et la limace avance autant qu'elle s'étend. Elle coulisse, sacqueboute littéralement. Et à nouveau la queue s'enfonce dans le manteau.

C'est in-


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(page 3 - illustration)
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croyable à voir. Elle semble se déplacer plus vite que les limaces connues. Peut-être dépasse-t-elle les quinze ou vingt mètres par jour.

Je l'ai vue se nourrir. Il semblerait qu'elle soit phytophage et plus précisément opophage. Elle est montée sur la tige d'un pissenlit (pas plus de 5 à 7 centimètres au-dessus du sol) et en a sucé le suc pendant vingt bonnes minutes. Après cela, elle est redescendue laissant une tache noirâtre sur le lieu de la succion. C'est à ce moment-là,


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(page 4)
que j'ai entendu un son étrange. Je me suis penché vers elle et j'ai entendu comme une note de musique. À chaque mouvement de contraction et d'extension, la limace émet un son avec son pavillon. C'est, oui, c'est une note de musique expirée puis inspirée.

Peut-être est-ce un élément qui entre en compte dans la parade amoureuse. J'imagine les deux individus échangeant des notes, se répondant, composant en duo à mesure de l'enroulement de leur corps qui les conduira à se reproduire, modulant les notes en articulant leur pavillon. Le morceau se terminerait, pavillon contre pavillon, par la plus impalpable et la plus juste des musiques intérieures. Cette limace, en plus d'être hermaphrodite, pourrait être poétique.

Mais il faut que je lui trouve un nom.


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(page 5)
C'est une Limax : acquis. Limace à coulisse ? A pavillon ? La coulimace, le coulimaçon. La limace qui coulisse en produisant du son. Très bien, ce sera coulimaçon !

Limax Illapsus ? Mon latin est trop hasardeux. Je verrai plus tard.

Oui, c'est un croisement parfait entre une limace et un trombone à coulisse.

Il faut que je retrouve mes esprits et que je protège ma découverte. Personne ne doit savoir avant que j'aie terminé mon étude, établi des preuves sérieuses et irréfutables.

Je veux tout savoir sur elle, sa vitesse de déplacement, son régime alimentaire (et
la composition de ses excréments, sorte de coulis vert et gluant), sa place dans la chaîne alimentaire, sa gamme et ses capacités de chant, sa reproduction (méthode, combien d'œufs, période avant éclosion), sa longévité, son habitat, sa population, pourquoi ici ?

Pourquoi personne ne les a mentionnées avant moi ? Personne ne doit savoir avant


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(Page 6)
que je ne sache tout et que le lieu ne soit pris d'assaut par une cohorte de malacologues lubriques.
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Mémoire dure limace

4/21/2014

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[Une intervention de gnoir]   

"On m'a longtemps confondu (grosse malice) avec un mille-pattes, jusqu'à ce que je cesse de papillonner"
— process
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Appareillage.
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Affichage.
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Décollage (ça rame).
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Encodage. Pas un nuage.

Lâcher effectué à Madrid, avenida de Machupichu (ici), le 11 avril 2014.
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Pour une étiologie du pop-up

3/12/2014

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[par le Grand-Archimol]
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    L'éditorial d'Archie Mew
    Photo
    Le 24 avril 2014, Terre-Molle.

    Chers lecteurs,

    Archimou est une revue
    qui change de forme — mollement. A chaque
    numéro un support différent. Aujourd'hui les ballons, demain le verre, après-demain les balles de ping-pong
    ou les clés USB cachées
    sous un paillasson, etc.

    Pour ce n°1, consacré au double thème "Limaces & Coulis", j'avais demandé aux auteurs de composer sur des ballons de baudruche, et autres globes en nylon métallisé. Chacun a donc gonflé, ou imaginé, son ballon, avant de le lâcher à l'endroit où il le désirait, accompagné d'un texte ou d'un dessin.

    Il s'agissait de faire œuvre molle autant qu'éphémère.
      Le tout dans un rejet flasque du professionnalisme.

    "L’homme qui sait se reposer, le cou sur une ficelle tendue, n’aura que faire des enseignements d’un philosophe qui aura besoin d’un lit." Cette phrase de Michaux, tirée de Poteaux d'angle, a bercé mon enfance molle. Elle a aussi inspiré en grande partie ce premier numéro, lui servant, en quelque sorte, de bande-originale.

    Quelques traces (photos, dessins, textes) de ce premier numéro sont reproduites ici — pâles copies. Les originaux, eux, se sont envolés, ou ont été exécutés.

    Je remercie de tout cœur les auteurs, venus d'horizons variés. Vous pourrez trouver une présentation de chacun d'entre eux dans la rubrique "Qui".

    En
    vous souhaitant une bonne lecture.

    Mollement

    Archie Mew,
    Grand-Archimol
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