[par Bérengère Cournut]
Dans les rues étroites d’une ville refroidie, de drôles de bestioles molles avancent en file indienne. La ville est morte si rapidement que ses artères sont devenues de minces veinules, où seuls les mous peuvent encore se faire un chemin. Précédé d’un bruit de succion, leur cortège se dirige vers la sortie. Que s’est-il passé ici, pour provoquer un tel exil ? Quelques-unes des bestioles paraissent encore nerveuses. La ligne allongée de leur troupeau est agitée de soubresauts, comme si une onde d’inquiétude se propageait de l’une à l’autre. C’est bientôt fini. À la sortie de la ville, la route est plus large, les bestioles peuvent avancer de front, par deux, par trois. Un berger semble maintenant les conduire. La route monte, monte, et laisse bientôt voir le désastre : la plaine étouffée de coulis, et qui n’est plus viable. Le berger empêche les bestioles de se retourner et désigne la plage, en contrebas. Sur le sable est étalé un ballon – mou. Les bestioles sont découragées. Le berger ordonne de s’agglomérer ; la nuit tombe, au matin le ballon est gonflé. Camouflées dans des algues, les limaces s’envolent vers l’Amérique. | Dans les rues étroites d’une ville refroidie, de drôles de bestioles molles avancent en file indienne. La ville est morte si rapidement que ses artères sont devenues de minces veinules, où seuls les mous peuvent encore se faire un chemin. Précédé d’un bruit de succion, leur cortège se dirige vers la sortie. |