Archimou
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Árbol y Olivo ~ Arbre & Olivier

3/28/2015

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[deux poèmes de Diego Vdovichenko]
———--—-- Diego est un poète argentin. Il a l'habitude de poser ce graffiti, "Poecia", dans des endroits très variés. Il l'a un jour écrit sur un arbre d'une place de La Plata, où il vit. Quelques jours plus tard, l'arbre apparaît tronçonné, comme si on lui avait coupé le cou, le mot "Poecia" tranché en deux, scié, à la chaîne métallique la césure. C'est ainsi que Diego nous transmet deux de ses poèmes, "Arbre" et "Olivier"  ———————--


Árbol

soy un árbol quieto
alto 
frondoso
esta vez vas a poder decir
olmo 
abeto 
gomero.

Estoy acá 
para que hagas de mi tronco un color
que crezca en la tierra plana 
desértica
como esta hoja

¿Tiene mi verde tu voz?

podés imaginarme completo
cerca de un río
con familias de pic nic
o lejos de todo
en la soledad del sur
entre las piedras y los pastos

vengo a llenar de bosque tu cabeza
de madera, raíces y ramas
frutos tendré para cuando gustes comerlos

¿será que somos un puñado de historias?

En el horizonte el cielo claro,
el sol como una mancha,
las nubes que no están, 
rejas en la ventana de la siesta.
el calor húmedo del barrio 
y mi cuerpo enraizado a la tierra
que es el pasto 
las huellas 
los bichos.

Vení, sentate acá cerca y contame algo
tengo miedo de quedarme dormido.
Arbre

je suis un arbre calme
haut 
touffu
cette fois tu peux le dire
orme 
sapin 
gommier.

Je suis là
pour que tu fasses de mon tronc une couleur
poussant sur la terre plate 
désertique
comme cette feuille

Ta voix est-elle de mon vert?

tu peux m'imaginer au complet
proche d'un fleuve
avec des familles pique-niquant
ou loin de tout
dans la solitude du sud
entre les pierres et les pelouses

je viens remplir de forêt ta tête
de bois, de racines et de branches
les fruits j'en aurai quand tu en voudras

serions-nous une poignée d'histoires ?

A l'horizon le ciel clair,
le soleil comme une tache,
les nuages qui ne sont pas là, 
grilles à la fenêtre de la sieste.
la chaleur humide du quartier 
et mon corps enraciné à la terre
qui est pelouse 
empreintes 
insectes.

Viens, assieds-toi là et raconte

j'ai peur de m'endormir.


*******


Olivo

había una vez un olivo
creciendo en la vereda de mi casa.
Aceitunas negras nos daba
para que juguemos a la guerra

Municiones que indicaban
la certeza del disparo
como sangre en las remeras.

La vereda da asco y no te subas ahí que te vas a lastimar.

Hace poco volví:
la casa del ingeniero está terminada
tita y su hermana se murieron
María Fernanda y Noe están grandes,
una es mamá y la otra estudia filosofía
sé que juanjo está en Comodoro
haciéndole el aguante a la economía.

Oh caminante!
si vienes por estos lares
no te olvides de recorrer la vía,
ella también ha cambiado.

El olivo ya no está,
de ahora en más
ese árbol
crece
en esta hoja.

Olivier

il était une fois un olivier
poussant sur le perron de ma maison. 
Il nous donnait des olives noires
pour que l'on joue à la guerre

Munitions attestant de
la certitude du tir
comme le sang sur les tee-shirts.

Le perron est dégoûtant
n'y monte pas car tu vas te faire du mal.

Je suis revenu il y a peu :
la maison de l'ingénieur est terminée
Tatie et sa sœur sont mortes
María Fernanda et Noé ont grandi,
l'une est mère l'autre étudie la philosophie
je sais que Juanjo est à Comodoro
où il résiste bravement à l'économie.

Ô passant ! 
si tu viens dans les parages
n'oublie pas de parcourir la rue,
elle aussi a changé.

L'olivier n'est plus là,
dorénavant
cet arbre
pousse
sur cette feuille.


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    L'éditorial d'Archie Mew
    Photo
    Après les ballons de baudruche (n°1) et les masques (n°2) qui ont prouvé à petite échelle que le monde est un melon (mou, volant), on a cette fois décidé de grimper aux arbres, pour y construire une cabane. 

    Archimou, la revue qui change de forme comme de chemise (veau moulant).

    Le support choisi pour le 

    n°3 peuple les forêts et les mails de nos centres-villes : l'arbre, l'arbre, pour ses possibilités mutantes et ses ramifications & l'arbre-bras qui repousse quand on croit l'avoir scié, cousin de "l'archibras", cet appendice magique décrit par Fourier : "avec son appui un homme atteint une branche de 12 pieds de hauteur, saute sur l'arbre et descend de même, va pincer des fruits à l'extrémité de l'arbre et les rassemble dans le panier noué à l'archimain."

    On n'oublie pas l'arbre-barbe, cette forêt de poils où des oiseaux crasseux font leur nid & l'arbre-bar, où l'on réécrit sa vie au milieu d'inconnus stupéfiés. Le bistrot va fermer, mais personne ne veut sortir. Poèmes en bois, histoires tirées par les cheveux.

    L'arbre est un poing rempli de veines, et chaque invité de ce n°3 y a greffé une radicelle, s'amusant à écrire sur un tronc, plantant un arbre à coussins, tétant un buste ou faisant éclater un bouton d'herpès. On fit feu de tout bois dans l'Aisne, à Tokyo, dans la Drôme, à Montevideo ou à La Plata, en Bresse ou à Cordoue, etc. 

    Au registre généalogique, sériel et sérieux, qui mise tout sur la descendance, l'arbre préfère l'embranchement. Allons jeter un oeil chez Supervielle : "Chaque arbre est un archer qui lance des oiseaux" L'arbre en forme de lance-pierres, qu'on met en mouvement pour trouer la cible, les nuages et l'air. 

    Dans une des ses greguerias, petites phrases proches de l'aphorisme, le fieffé Gómez de la Serna, qui fricota avec paquet d'avant-gardes du 
    XXe s., décoche une belle flèche : "Changé en braise le charbon se souvient de tout, y compris de quand il était un arbre vert, dans un monde plein d'espoirs."  La possibilité commence en forêt ou le long d'un chemin de noyers. Ombres et saules. Ifs. Peupliers peuplés. Et que dire des hêtres.

    "Moi qui suis tout ce que je forme
    Je ne me savais pas feuillu."
    Comme Supervielle le pressentait, on abrite des êtres à feuilles.

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