[deux poèmes de Diego Vdovichenko]
———--—-- Diego est un poète argentin. Il a l'habitude de poser ce graffiti, "Poecia", dans des endroits très variés. Il l'a un jour écrit sur un arbre d'une place de La Plata, où il vit. Quelques jours plus tard, l'arbre apparaît tronçonné, comme si on lui avait coupé le cou, le mot "Poecia" tranché en deux, scié, à la chaîne métallique la césure. C'est ainsi que Diego nous transmet deux de ses poèmes, "Arbre" et "Olivier" ———————--
Árbol soy un árbol quieto alto frondoso esta vez vas a poder decir olmo abeto gomero. Estoy acá para que hagas de mi tronco un color que crezca en la tierra plana desértica como esta hoja ¿Tiene mi verde tu voz? podés imaginarme completo cerca de un río con familias de pic nic o lejos de todo en la soledad del sur entre las piedras y los pastos vengo a llenar de bosque tu cabeza de madera, raíces y ramas frutos tendré para cuando gustes comerlos ¿será que somos un puñado de historias? En el horizonte el cielo claro, el sol como una mancha, las nubes que no están, rejas en la ventana de la siesta. el calor húmedo del barrio y mi cuerpo enraizado a la tierra que es el pasto las huellas los bichos. Vení, sentate acá cerca y contame algo tengo miedo de quedarme dormido. | Arbre je suis un arbre calme haut touffu cette fois tu peux le dire orme sapin gommier. Je suis là pour que tu fasses de mon tronc une couleur poussant sur la terre plate désertique comme cette feuille Ta voix est-elle de mon vert? tu peux m'imaginer au complet proche d'un fleuve avec des familles pique-niquant ou loin de tout dans la solitude du sud entre les pierres et les pelouses je viens remplir de forêt ta tête de bois, de racines et de branches les fruits j'en aurai quand tu en voudras serions-nous une poignée d'histoires ? A l'horizon le ciel clair, le soleil comme une tache, les nuages qui ne sont pas là, grilles à la fenêtre de la sieste. la chaleur humide du quartier et mon corps enraciné à la terre qui est pelouse empreintes insectes. Viens, assieds-toi là et raconte j'ai peur de m'endormir. |
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Olivo había una vez un olivo creciendo en la vereda de mi casa. Aceitunas negras nos daba para que juguemos a la guerra Municiones que indicaban la certeza del disparo como sangre en las remeras. La vereda da asco y no te subas ahí que te vas a lastimar. Hace poco volví: la casa del ingeniero está terminada tita y su hermana se murieron María Fernanda y Noe están grandes, una es mamá y la otra estudia filosofía sé que juanjo está en Comodoro haciéndole el aguante a la economía. Oh caminante! si vienes por estos lares no te olvides de recorrer la vía, ella también ha cambiado. El olivo ya no está, de ahora en más ese árbol crece en esta hoja. | Olivier il était une fois un olivier poussant sur le perron de ma maison. Il nous donnait des olives noires pour que l'on joue à la guerre Munitions attestant de la certitude du tir comme le sang sur les tee-shirts. Le perron est dégoûtant n'y monte pas car tu vas te faire du mal. Je suis revenu il y a peu : la maison de l'ingénieur est terminée Tatie et sa sœur sont mortes María Fernanda et Noé ont grandi, l'une est mère l'autre étudie la philosophie je sais que Juanjo est à Comodoro où il résiste bravement à l'économie. Ô passant ! si tu viens dans les parages n'oublie pas de parcourir la rue, elle aussi a changé. L'olivier n'est plus là, dorénavant cet arbre pousse sur cette feuille. |