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Le coussinier

4/10/2015

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[Un texte de Lucien Suel]
Le coussinier (prunus coussinus) ou arbre à coussins a été introduit en France au début du 19ème siècle. Cet arbre, originaire des plaines de l’Indus, a la particularité de produire d’énormes fruits moelleux qu’on a coutume d’appeler des coussins. L’acclimatation de cet arbre dans nos régions de climat tempéré a inversé le cycle reproductif ; ainsi, les fruits ne mûrissent-ils qu’à la fin de l’automne lorsque les feuilles sont déjà tombées. Les coussins du coussinier n’ont rien à voir avec les oreillers qui sont une forme parasitaire du gui commun lorsqu’il est atteint de l’éléphantiasis des arbres.

C’est le grand poète Charles Baudelaire, dont on connaît l’amour pour les chats, qui développa un usage des coussiniers en dehors de la gastronomie. L’auteur des Fleurs du Mal préférait une autre sorte de confiture que celle de coussins. Ayant remarqué l’attrait de ses chats pour ces fruits confortables, il demanda à Jeanne Duval, sa gouvernante, de broder ses vocables favoris sur des coussins destinés à ses félins de compagnie. Le photographe Nadar a immortalisé les trois chats de Baudelaire portraiturés allongés sur d’énormes coussins, à l’enseigne du Luxe, du Calme et de la Volupté.

De nos jours, c’est surtout l’industrie des transports, les médecins et les dentistes qui utilisent les fruits des coussiniers pour les sièges dans les avions de ligne, les autocars, les trains et les salles d’attente. Il n’est pas rare d’apercevoir dans les grands vergers de coussiniers des chats hédonistes qui passent des journées entières dans les arbres.

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    L'éditorial d'Archie Mew
    Photo
    Après les ballons de baudruche (n°1) et les masques (n°2) qui ont prouvé à petite échelle que le monde est un melon (mou, volant), on a cette fois décidé de grimper aux arbres, pour y construire une cabane. 

    Archimou, la revue qui change de forme comme de chemise (veau moulant).

    Le support choisi pour le 

    n°3 peuple les forêts et les mails de nos centres-villes : l'arbre, l'arbre, pour ses possibilités mutantes et ses ramifications & l'arbre-bras qui repousse quand on croit l'avoir scié, cousin de "l'archibras", cet appendice magique décrit par Fourier : "avec son appui un homme atteint une branche de 12 pieds de hauteur, saute sur l'arbre et descend de même, va pincer des fruits à l'extrémité de l'arbre et les rassemble dans le panier noué à l'archimain."

    On n'oublie pas l'arbre-barbe, cette forêt de poils où des oiseaux crasseux font leur nid & l'arbre-bar, où l'on réécrit sa vie au milieu d'inconnus stupéfiés. Le bistrot va fermer, mais personne ne veut sortir. Poèmes en bois, histoires tirées par les cheveux.

    L'arbre est un poing rempli de veines, et chaque invité de ce n°3 y a greffé une radicelle, s'amusant à écrire sur un tronc, plantant un arbre à coussins, tétant un buste ou faisant éclater un bouton d'herpès. On fit feu de tout bois dans l'Aisne, à Tokyo, dans la Drôme, à Montevideo ou à La Plata, en Bresse ou à Cordoue, etc. 

    Au registre généalogique, sériel et sérieux, qui mise tout sur la descendance, l'arbre préfère l'embranchement. Allons jeter un oeil chez Supervielle : "Chaque arbre est un archer qui lance des oiseaux" L'arbre en forme de lance-pierres, qu'on met en mouvement pour trouer la cible, les nuages et l'air. 

    Dans une des ses greguerias, petites phrases proches de l'aphorisme, le fieffé Gómez de la Serna, qui fricota avec paquet d'avant-gardes du 
    XXe s., décoche une belle flèche : "Changé en braise le charbon se souvient de tout, y compris de quand il était un arbre vert, dans un monde plein d'espoirs."  La possibilité commence en forêt ou le long d'un chemin de noyers. Ombres et saules. Ifs. Peupliers peuplés. Et que dire des hêtres.

    "Moi qui suis tout ce que je forme
    Je ne me savais pas feuillu."
    Comme Supervielle le pressentait, on abrite des êtres à feuilles.

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