[par le grand baObab]
Il serait une fois ma vie. J'habiterais dans une forêt. Je serais seul et j'aimerais un arbre. Je vivrais avec lui ; je dormirais dans sa ramure. Je naviguerais dans l'épaisse étendue végétale porté par ses branches, ou à cheval sur sa cime.
Mais un jour, je m'ennuierais. On finit souvent par se lasser des amours à un sens. Alors je partirais. Je quitterais ma forêt pour découvrir d'autres horizons. Hélas, rien d'autre ne me plairait. Je chercherais à revenir mais on me retiendrait prisonnier. Je serais enfermé dans un laboratoire où l'on m'étudierait. On me poserait d'innombrables questions auxquelles je ne saurais pas répondre. Et puis je m’enfuirais.
Je parcourrais des kilomètres sans manger ni boire avant de m'effondrer sans force dans un fossé plein de rosée matinale. Je me réveillerais dans un lit ; une créature étrange et belle passerait un gant d'eau fraîche sur mon front pour faire baisser ma fièvre. Elle me sourirait. Je fermerais les yeux, heureux du tour pris par mon destin.
Bientôt, je serais sur pied et nous nous promènerions dans les bois jouxtant son jardin. Elle me tiendrait par le bras, me donnerait la main, me donnerait un baiser. Je penserais à mon arbre abandonné et, triste, m'en ouvrirais. Elle n'en serait pas froissée, déboutonnerait un à un les boutons de son chemisier et poserait ma tête tout contre son arbre-buste. J'aurais le nez gorgé du parfum de ses fleurs, mes cheveux pris dans les branchages, les oreilles chatouillées par la pointe de quelques feuilles ; et mes larmes de bonheur embelliraient sa verdure.