[par Nisan Gogo]
Journal dans les arbres (fragments)
28 janvier
Je comprends deux kanji.Un que je prends pour midori et un que je reconnais comme étant yama. Le premier s’avère être mori. Moriyama. Mori, la forêt, Yama, la montagne. Ce photographe porte le nom d’une colline boisée.
Je marche.
Je regarde la luminosité ambiante.
Je m’imagine le matin.
Ça marche.
La chaise a disparu. Mais il y a plus de feuilles. Plus tard Il est venu me chercher et m’a demandé si je voulais aller au bois.
Je ne voulais pas aller au bois. Je voulais qu’il me prenne dans ses bras. Mais j’ai dit oui, si tu veux.
On s’est retrouvés au bois. Il y avait deux voitures garées tout phares éteints. Comme des carcasses d’animaux dont plus personne ne se souvient. Des crânes de dinosaures en métal.
On a fermé la voiture et les lumières. On s’est retrouvé dans le noir. Les autres voitures qui prenaient le virage plus loin plus haut derrière nous faisaient clignoter des tâches en bois sur les carapaces des troncs des platanes. Tâches de feuilles ou de papillons qui s’envolaient derrière nous. Je pensais qu’on allait s’enfoncer les pieds dans la boue jusqu’à la cheville mais le sol était dur de façon presque décevante.
Puis j’ai senti la peur primaire me titiller la moelle épinière, juste sous la naissance des cheveux. Juste au dessus du col de la chemise. La peur primaire du noir. La peur primaire de quand tu es petit et que tu es sûr qu’il y a quelque chose sous le lit, tout au fond.
Ça ne m’a duré que deux secondes, le temps d’inspirer et de souffler (“ça caille dis donc”) mais j’ai vu plein d’images, moi petit, moi dans le sous sol tapissé de toiles d’araignées, moi qu’on envoyait jouer dehors alors que la seule chose que je voulais c’était rester avec eux.
On a laissé nos yeux prendre le temps de s’ouvrir en marchant la tête vers le bas.
Un ours s’est pointé au fond dans l’ovale de l’entrée de la foret, arcane monde de feuilles mortes.
J’ai uriné sûrement sur des petits cadavres de petits animaux, sur des limaces éventrées, en chuchotant à peine et en écoutant le bruit des gouttes se confondre avec le bruit d’autres gouttes. Puis on a remonté les fermetures à glissières vers les portières et on a refranchi l’arcane.
Et, plus tard, il m’a pris dans ses bras et j’ai enfin pu pleurer.
16 juin
Aller dans les allées du Boisdhyver à la fin du printemps recharger avec du soleil les petits sacs à dos qu’on ouvrira dans sa tête une fois qu’on sera sous les néons, au bureau. Choisir la plus longue herbe possible et pêcher des libellules et des papillons.
30 janvier
Rêve : place de village ou petite place parisienne avec portail noir. À l’intérieur, un arbre et des graviers blancs. Un temple. Meji-jingu. Yoyogi. Et les dieux défilent devant moi.
28 janvier
Je comprends deux kanji.Un que je prends pour midori et un que je reconnais comme étant yama. Le premier s’avère être mori. Moriyama. Mori, la forêt, Yama, la montagne. Ce photographe porte le nom d’une colline boisée.
Je marche.
Je regarde la luminosité ambiante.
Je m’imagine le matin.
Ça marche.
La chaise a disparu. Mais il y a plus de feuilles. Plus tard Il est venu me chercher et m’a demandé si je voulais aller au bois.
Je ne voulais pas aller au bois. Je voulais qu’il me prenne dans ses bras. Mais j’ai dit oui, si tu veux.
On s’est retrouvés au bois. Il y avait deux voitures garées tout phares éteints. Comme des carcasses d’animaux dont plus personne ne se souvient. Des crânes de dinosaures en métal.
On a fermé la voiture et les lumières. On s’est retrouvé dans le noir. Les autres voitures qui prenaient le virage plus loin plus haut derrière nous faisaient clignoter des tâches en bois sur les carapaces des troncs des platanes. Tâches de feuilles ou de papillons qui s’envolaient derrière nous. Je pensais qu’on allait s’enfoncer les pieds dans la boue jusqu’à la cheville mais le sol était dur de façon presque décevante.
Puis j’ai senti la peur primaire me titiller la moelle épinière, juste sous la naissance des cheveux. Juste au dessus du col de la chemise. La peur primaire du noir. La peur primaire de quand tu es petit et que tu es sûr qu’il y a quelque chose sous le lit, tout au fond.
Ça ne m’a duré que deux secondes, le temps d’inspirer et de souffler (“ça caille dis donc”) mais j’ai vu plein d’images, moi petit, moi dans le sous sol tapissé de toiles d’araignées, moi qu’on envoyait jouer dehors alors que la seule chose que je voulais c’était rester avec eux.
On a laissé nos yeux prendre le temps de s’ouvrir en marchant la tête vers le bas.
Un ours s’est pointé au fond dans l’ovale de l’entrée de la foret, arcane monde de feuilles mortes.
J’ai uriné sûrement sur des petits cadavres de petits animaux, sur des limaces éventrées, en chuchotant à peine et en écoutant le bruit des gouttes se confondre avec le bruit d’autres gouttes. Puis on a remonté les fermetures à glissières vers les portières et on a refranchi l’arcane.
Et, plus tard, il m’a pris dans ses bras et j’ai enfin pu pleurer.
16 juin
Aller dans les allées du Boisdhyver à la fin du printemps recharger avec du soleil les petits sacs à dos qu’on ouvrira dans sa tête une fois qu’on sera sous les néons, au bureau. Choisir la plus longue herbe possible et pêcher des libellules et des papillons.
30 janvier
Rêve : place de village ou petite place parisienne avec portail noir. À l’intérieur, un arbre et des graviers blancs. Un temple. Meji-jingu. Yoyogi. Et les dieux défilent devant moi.